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[ Critique Littéraire ] Memorex - Cindy Van Wilder


Résumé


2022. Cela fait un an que la vie de Réha a basculé. Un an que sa mère est morte dans un attentat contre sa fondation, Breathe, qui promeut un art contemporain et engagé. Un an que son père, un scientifique de génie, ne quitte plus Star Island, l’île familiale. Un an qu’Aïki, son frère jumeau, son complice de toujours, s’est muré dans une indifférence qui la fait souffrir.


Le jour de ce sinistre anniversaire, la famille est réunie sur l’île : c’est le moment de lever les mystères, les tabous, les rancoeurs que Réha ressasse depuis un an. Au cœur de l’énigme : Memorex, la multinationale pharmaceutique de son père, ainsi que ses expérimentations sur la mémoire. Des expérimentations qui attisent les convoites de personnages puissants et sans scrupules, prêts à tout pour accomplir leurs rêves les plus fous.


J’aime ces romans qui ne cherchent pas à tout nous dire d’entrée de jeu, ceux qui prennent leur temps, qui tissent doucement leurs fils jusqu’à nous piéger dans une toile qu’on n’avait pas vu venir. Memorex est de ceux-là. Un thriller à la fois intime et futuriste, qui questionne la mémoire, le deuil, la science… et ce que nous sommes prêts à faire pour retenir ceux qu’on aime.


Un futur proche, mais dérangeant de réalisme


Nous sommes en 2022, sur Star Island. Réha revient sur cette île en apparence paisible un an après la mort violente de sa mère dans un attentat. Mais rien n’est vraiment paisible dans sa vie : un père de plus en plus absorbé par son travail, un frère jumeau qui s’est refermé sur lui-même, et une tension sourde qui s’installe dès les premières pages. Quelque chose cloche. Et ce quelque chose, c’est Memorex.


Cette entreprise mystérieuse, pionnière dans la manipulation des souvenirs, incarne ce qu’il y a de plus fascinant — et de plus inquiétant — dans notre rapport à la technologie. À quel moment franchit-on la ligne entre science et déni ? Entre mémoire et manipulation ? Ces questions hantent littéralement le récit.


Mémoire, deuil, éthique : des thématiques fortes


Ce que j’ai aimé, c’est la justesse avec laquelle Cindy Van Wilder aborde des sujets complexes. Rien n’est surligné, rien n’est simplifié. Le deuil est là, pesant, parfois confus, toujours présent. L’éthique scientifique est questionnée sans que le roman ne devienne un manifeste. Et au cœur de tout, la mémoire. Celle qu’on perd, celle qu’on reconstitue, celle qu’on aimerait pouvoir effacer ou garder intacte.


Le roman ne cherche pas l’effet spectaculaire. Il préfère le trouble diffus. On sent l’ambiguïté, le malaise, le doute — et c’est précisément ce qui fonctionne.


Un rythme lent, mais une tension maîtrisée


Je préviens : Memorex n’est pas un page-turner au rythme effréné. Si vous aimez les intrigues explosives à chaque chapitre, passez votre chemin. Ici, l’autrice prend son temps.


L’atmosphère se construit par couches. Et même si certains passages sont plus contemplatifs, l’intérêt reste intact — parce qu’on sent que tout converge. La tension est là, sous la surface, et elle finit par éclater au bon moment.



Une écriture discrète, mais marquante


Cindy Van Wilder ne cherche pas à épater par la forme. Son style est sobre, presque en retrait, mais il sert parfaitement le propos. Certaines phrases restent en tête, non pas parce qu’elles brillent, mais parce qu’elles sonnent juste. C’est une écriture qui respecte son lecteur, qui ne l’assomme pas d’effets, mais qui l’accompagne dans ses propres réflexions.


Memorex n’est pas un roman qui se donne facilement. Il faut accepter son rythme, ses non-dits, son ambiance étrange. Mais si vous aimez les histoires qui posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses, les romans où la technologie s’entremêle à l’intime, alors celui-ci pourrait bien vous surprendre.


Un récit intelligent, sombre mais humain, où l’on comprend que parfois, les vrais monstres ne sont pas ceux que l’on croit… mais ce qu’on choisit de croire.

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