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[ Critique Littéraire ] Je t'ai Rêvé - Francesca Zappia


Résumé


Vous, les gens normaux, êtes tellement habitués à la réalité que vous n'envisagez pas qu'elle puisse être mise en doute. Et si vous n'étiez pas capables de faire la part des choses ? Jour après jour, elle se retrouve confrontée au même dilemme : le quotidien est-il réel ou modifié par son cerveau détraqué ? Dans l'incapacité de se fier à ses sens, à ses émotions ou même à ses souvenirs, mais armée d'une volonté farouche, Alex livre bataille contre sa schizophrénie. Grâce à son appareil photo, à une Boule Magique Numéro 8 et au soutien indéfectible de sa petite sœur, elle est bien décidée à rester saine d'esprit suffisamment longtemps pour aller à l'université. Plutôt optimiste quant au résultat, Alex croise la route de Miles, qu'elle était persuadée d'avoir imaginé de toutes pièces... Avant même qu'elle s'en rende compte, voilà que la jeune femme se fait des amis, va à des soirées, tombe amoureuse et goûte à tous les rites de passage de l'adolescence. Mais alors, comment faire la différence entre les tourments du passage à l'âge adulte et les affres de la maladie ? Tellement habituée à la folie, Alex n'est pas tout à fait prête à affronter la normalité. Jusqu'où peut-elle se faire confiance ? Et nous, jusqu'où pouvons-nous la croire ?




Il y a des romans qui se lisent, et d'autres qui se vivent. Je t’ai rêvé fait sans aucun doute partie de la deuxième catégorie.


C’est un récit qui dérange, qui émeut, qui déroute. Un de ces livres qu’on referme en silence, un peu sonné, les émotions encore en vrac.


Derrière sa couverture bleutée et presque poétique, ce roman cache une histoire brutale, magnifique, et essentielle : celle d’Alex, une ado brillante, mordante, drôle, mais aussi atteinte de schizophrénie.


Un roman sur la maladie mentale… mais bien plus encore


Alex a décidé de recommencer à zéro. Nouveau lycée, nouvelles habitudes, nouveau départ. Personne ici ne connaît son passé, ni ses hallucinations, ni les internements. Elle veut prouver qu’elle peut avoir une vie "normale". Mais quand on ne peut pas toujours faire confiance à ce qu’on voit, ni même à ce qu’on ressent… où commence la réalité ? Où s’arrête l’imaginaire ?


Et c’est là toute la force de ce roman : nous plonger dans cette incertitude, cette fragilité du réel.


Chaque scène, chaque personnage, chaque sourire même, devient sujet à caution. Francesca Zappia parvient à brouiller les frontières avec une incroyable finesse, sans jamais tomber dans le spectaculaire ou le misérabilisme.


Une voix narrative forte, vibrante, inoubliable


La narration à la première personne fait de ce roman une expérience immersive. On ne lit pas sur Alex : on est avec elle. Avec ses pensées sarcastiques, ses fulgurances d’intelligence, ses failles à fleur de peau. On rit parfois, on a souvent mal pour elle. Et on doute. Beaucoup. Parce que ce qu’elle vit, ce qu’elle perçoit, ce qu’elle croit… n’est pas toujours réel.

"Est-ce que tu es réel ?"

Cette phrase, prononcée à un moment clé, m’a brisé le cœur. Parce qu’elle contient tout : la peur, l’amour, la confusion, l’espoir.


Alex, Miles et les autres : une galerie de personnages marquants


Impossible de ne pas évoquer Miles, ce garçon étrange, glacial au premier abord, mais d’une sensibilité désarmante. Entre lui et Alex, la relation évolue lentement, sur un fil fragile, entre confrontations et complicité. Leur dynamique est touchante, parfois chaotique, mais d’une grande justesse. Lui aussi est un marginal, un solitaire qui se cache derrière son sarcasme. Et leur rencontre, leur duo, est un des piliers du roman.


Autour d’eux gravitent d’autres figures : Tucker, Art, Jetta, Theodora, les jumeaux… tous auraient mérité d’être encore plus développés, tant ils sont attachants. Mais même dans leur relative discrétion, ils forment une famille choisie, soudée autour de leurs différences.


Un roman aux multiples strates


Au-delà de la romance, au-delà même du portrait psychologique, Je t’ai rêvé parle d’identité, de perception, de solitude, de reconstruction. Il y a une intrigue secondaire autour d’un ancien drame scolaire, des mystères à élucider, mais ce n’est pas ce qui m’a le plus marqué.


Ce que je retiens, c’est la manière dont chaque émotion est traitée avec pudeur, comment l’auteur aborde des sujets durs — maladie mentale, harcèlement, rejet social — sans jamais appuyer, toujours avec subtilité.


Ce livre m’a touché profondément. Il m’a fait douter, il m’a bousculé, il m’a ému. Certains passages sont durs, presque insoutenables. Mais impossible d'oublier ce roman !

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