[Critique littéraire] Sans nouvelles de Gurb - Un humour décapitant !
- Steven le Tonqueze
- 10 avr. 2017
- 3 min de lecture
Vous souhaitez lire un roman en espagnol ou tout simplement découvrir un de leur auteurs les plus connus ? Et bien je vous conseille de lire Sin noticias de Gurb ( ou sans nouvelles de Gurb pour la traduction française). Durant mes trois années de lycée, j’ai choisis de suivre une filière spéciale afin d’obtenir un double bac, à la fois Français et Espagnol. Avec cette filière, en Terminale nous devions lire deux oeuvres dont la première était l’oeuvre d’Eduardo Mendoza. En 1990 l’auteur décide, suite à une demande, de publier des petites histoires quotidiennes, dans le journal du pays, qui critiquent aisément la société durant ces années pré-olympiques. Fort de son succès, il décide en 1991 de faire de ces petites histoires un roman complet. Il réadapte ainsi ses écrit et forme ce que l’on connaît aujourd’hui de Sin noticias de Gurb. C’est un des romans de cours que j’ai le plus aimé. Il est frais, drôle et dénonciateur d’un triste vérité que tout le monde devrait connaître.
Voici ce que vous pouvez trouver sur la quatrième de couverture :
Deux extraterrestres débarquent pour une mission d'étude. Le lieu : la terre. Sujet : les hommes. L'auteur de ce journal a la responsabilité de cette mission. Croyant bien faire, il envoie son subalterne Gurb au contact de la zone et de la "faune autochtone", métamorphosé pour l'occasion en une forme qu'il imagine totalement passe-partout : Madonna. Il ne lui faudra pas plus de 20 heures pour qu'il disparaisse et que, sans nouvelles de lui, le narrateur se voit contraint de partir à sa recherche et à la découverte de Barcelone et des habitudes terrestres.
Une critique de la société
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Dans ce roman, Eduardo Mendoza nous décrit avec une vision très personnelle la ville de Barcelone. Il traite avec beaucoup de recul notre société, ses moeurs, ses coutumes ( plus ou moins censées ), sa lâcheté et son arrogance. Mais il n’opte pas pour autant pour un ton noir et pessimiste, au contraire il souligne avec bienveillance et humour différents aspects du monde. Bien qu’il évoque souvent les failles inévitables de notre société, il aborde également tous les bons côtés de la vie humaine. Il nous parle des paysages, de notre générosité, du simple fait d’aller passer un bon moment au bar du coin… On prend alors conscience de tout ce qui nous entoure et on s’indigne même parfois de notre propre mode de vie ! Notre extraterrestre va se retrouver dans des situations totalement folles et désopilantes. J’ai beaucoup apprécié cet aspect du roman car on peut dire qu’il a un but précis. En effet l’auteur ne cherche pas seulement à décrire Barcelone mais à interroger le lecteur sur sa propre façon d’agir. Ainsi on peut se rendre compte de l’importance du trafic, de l'excessivité de notre société de consommation ou encore des nombreuses inégalités qu’il existe.
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L’humour au service de la critique
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Pour critiquer le monde, Mendoza utilise principalement l’humour. Tout d’abord on peut dire qu’il opte pour un personnage fantastique afin de ne pas subir de censure ou de critiques trop acerbées. Jean de la Fontaine avait lui aussi choisi ce moyen en employant des animaux dans ces fables. Au delà du personnage extraterrestre, l’auteur utilise différents moyens tel que l’anaphore, la répétition ou encore l’exagération pour faire rire. Ainsi chaque critique est dissimulée sous un humour décalé. Il n’est pas rare qu'à la lecture de ce petit livre vous soyez pris d’un petit rire incontrôlable, qui peut inspirer l’hilarité ou la terreur de nous même. Ce décalage entre notre réalité et la réalité du protagoniste est en elle même source de dérision. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman qui m’a fait bien rire mais au travers de ce rire m’a fait prendre conscience d’aspects incompréhensible de notre société. L’extraterrestre s’étonne par exemple de voir qu’il faut avoir recours aux achats pour se sentir mieux. Mais l’auteur n’utilise pas que l’humour pour dénoncer la société, il utilise également comme je l’ai déjà dit précédemment, des éléments fantastiques. Grâce à ces nombreux éléments qui créent le rire le décalage et donc la prise de conscience, on en viendrait presque à se dire : Pauvre extraterrestres perdus dans ce monde !
Cependant, je conseille à ceux qui veulent lire ce roman espagnol, d’avoir un minimum de connaissances espagnoles. En effet Eduardo Mendoza utilise de nombreuses références à des lieux, des artistes, des célébrités ou encore des monuments espagnols. Si vous ne connaissez pas forcément ces références ( ce qui était mon cas ) vous risquez parfois de ne pas tout saisir. Toutefois il est entièrement possible de lire ce roman est de bien en profiter ! Lancez-vous à la rencontre de Barcelone et de son extraterrestre humanisé.
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