[Critique Littéraire] Petit Piment de Alain Mabanckou
- Steven le Tonqueze
- 15 avr. 2017
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 mars
Je vous parle du roman français Petit Piment, de Alain Mabanckou, publié chez Points le 3 janvier 2017, il fait 240 pages en format poche.
Voici ce que l'on trouve sur la quatrième de couverture :
Papa Moupelo ne viendra plus à l'orphelinat de Loango. Plus de sauts de grenouilles, de chants en lingala et de danses pygmées. Moïse, dit Petit Piment, doit maintenant devenir un pionnier de la révolution socialiste. Mais Songi-Songi et Tala-Tala, les frères terreurs de Loango, l'entraînent dans leur évasion vers Pointe-Noire. Là-bas, la magie et la misère de la Côte sauvage l'attendent de concert. Alain Mabanckou est poète et romancier. En 2015, il a été professeur de création artistique au Collège de France. Il est notamment l'auteur de Verre Cassé, Mémoires de porc-épic ; prix Renaudot ; et Le monde est mon langage.

Un roman haut en couleurs qui aborde diverses thématiques : école, orphelinat, politique, parcours d’une vie.
Nous suivons Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo obatomi namboka ya Bakoko, dit Moïse ou Petit-Piment (surnom attribué après une farce à des camarades) de son plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte.
Tout commence quand Moïse est abandonné par sa mère devant l’orphelinat/école de Loango, il y fera sa scolarité avec ses autres camarades qui ont vécu la même situation que lui, notamment Bonaventure Kokolo, qui est persuadé que son père viendra le chercher en avion. Il rencontre aussi deux jumeaux, plus âgés Songi-Songi et Tala-Tala, qui offrent leur protection dans l’orphelinat en échange de nourriture. Moïse vit tranquillement son quotidien ponctué par les cours, notamment avec Papa Moupelo, un enseignement dynamique, qui apprécie ses élèves. Mais Papa Moupelo et d’autres personnes du personnel sont renvoyés, suite à un changement de politique en République du Congo, où l’on favorise certaines personnes bien nées, par exemple le directeur Dieudonné Ngoulmoumako et sa famille qu’il placera dans l’établissement, comme surveillants notamment. Petit-Piment ne voit pas ces changements d’un bon œil, et lorsque les deux jumeaux lui proposent de fuir l’orphelinat pour aller à Pointe-Noire (la capitale économique), il n’hésite pas à les suivre.
La seconde partie du roman est consacrée à la vie de Moïse à Pointe-Noire. Il commence à vivre dans la rue avec les jumeaux, dont il est leur bras droit. Il faut qu’il vole ou aille chercher diverses choses pour eux. Mais leur arrangement s’étiole lorsque les jumeaux n’ont plus besoin de Moïse et partent sans lui. Il rencontre une proxénète ou gérante d’une maison close, elle lui donne des petits travaux à faire pour l’aider. Les années passent et Maman Fiat 500 (la gérante) lui donne une petite cabane et un bout de terrain, ainsi qu’un travail au port pour ses 19 ans. Le weekend, Petit-Piment va la retrouver et l’aider. Mais un jour, Maman Fiat 500 et les filles ont disparu, suite à des mesures politiques extrêmes, avec l’éradication de prostituées. C’est à la suite de cet accident que Petit-Piment va radicalement changer et basculer dans la folie. Il ne va plus travailler, a des hallucinations, boit et n’a plus de paroles cohérentes. Son voisin, Kolo Loupangou décide de l’aider et l’emmène voir un psychiatre, qui n’arrive pas à l’aider puis un guérisseur, Ngampika, qui n’arrive pas non plus à l’exorciser.
Les deux parties suivantes du roman sont courtes (15 pages) et résument une grande décision que Petit-Piment va prendre pour se venger du mal qu’on lui a fait et qui tourne autour d’une personne, responsable de la plupart des pertes qu’il a connues.
J’ai beaucoup apprécié ce livre qui retrace la vie de Petit-Piment, auquel le lecteur s’attache et est ému face à son parcours parfois difficile, avec les seules personnes qui l’aident qui disparaissent petit à petit. L’écriture est colorée et vivante, on s’imagine dans les ruelles de Pointe-Noire sans difficulté.
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