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[Critique Littéraire] Oregon, Pierre Pelot

Dernière mise à jour : 24 mars

Porté par la vague des dystopies, émerge un nouveau titre, signé Pierre Pelot : Oregon. Il s’agit d’une intégrale, éditée chez Bragelonne courant avril 2017. Composé de 852 pages au format broché - un beau bébé ! -, j’avoue ne pas avoir été emballé du tout par cette histoire, ce roman, ce style… Vous l’aurez compris, c’est une véritable déception pour ma part concernant ce roman dont j’attendais tant, et dont voici le résumé :


De nos jours, la France vit sous dictature militaire. Les citoyens sont fichés, surveillés, formatés.Oregon, 25 ans, travaille à la Section de Sécurité Prédictive. Sa mission : guider le présent en direction d’un futur « admissible ». En d’autres mots, manipuler l’information et la population, au besoin de façon musclée. Et museler les rebelles retranchés dans les Territoires ouverts, qui tentent de lever le voile sur la véritable histoire du monde.Dans une maison abandonnée en zone dissidente, Oregon et son jeune frère attendent des nouvelles de leur hiérarchie lorsqu’un homme mortellement blessé s’écroule à leur porte. C’est un Raconteur, l’un de ces vagabonds rebelles, détenteurs d’une mémoire collective fragmentée, qui révèle à ceux qui en prennent le risque le vrai visage de l’histoire et la guerre dissimulée. Il poussera Oregon et Killian à la recherche de la vérité, au péril de leur vie.Qui est responsable de cette amnésie mondiale, et que cache-t-elle ?



Un style très cinématographique


S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas enlevé à Pierre Pelot, c’est bien son style. Très visuel et très explicatif, j’ai eu l’impression de me replonger dans mes versions latines et grecques : des phrases très longues, avec beaucoup de vocabulaire, beaucoup de subordonnées et de juxtapositions… Beaucoup aimeront je pense, car le résultat final peut avoir deux effets : soit un effet de virtuosité et de maîtrise parfaite, soit un autre, que j’expliquerai plus en avant dans une partie ultérieure. Mais ce qui le rend vraiment très caractéristique, dans ce roman là en tout cas, c’est à quel point on s’imagine bien les scènes, ainsi qu’un possible montage caméra en post-production.


Des personnages en demi-teinte


Tout comme c’était le cas pour le style, il en est de même pour les personnages : assez elliptiques dès le début et très mystérieux, on a beaucoup de mal à s’attacher à eux et à les apprécier. D’autant plus que les deux ont un caractère assez dissemblable et assez froid, et distant. En tant que lecteur, on a très vite une impression d’ennuie qui s’insinue dans notre lecture, en plus d’une autre que j’exploiterai dans ma dernière partie. Mais il est certain que le personnage d’Oregon est spécial. La meilleure comparaison que je peux avoir pour le moment est celle la mettant en lien avec un agent secret.


Un parti pris qui tourne au vinaigre


Mais comme je vous l’ai dit en introduction, je n’ai pas du tout aimé ce livre, et je dirai même plus : je n’ai pas eu la force de le terminé. Il ne m’arrive que très rarement de ne pas terminé un livre, pour ne pas dire jamais. Alors pourquoi ? Même des livres très durs, qui me dérangeaient profondément par rapport à mes valeurs, ou au niveau de la violence (je pense notamment à Elles se rendent pas compte de Boris Vian), j’avais réussi à la terminé. Mais pas celui-ci, et la réponse est très simple.


Dans ma première partie, je vous expliquais qu’il pouvait y avoir deux effets possibles à un style comme celui de Pierre Pelot. Je n’ai absolument pas ressenti les premiers effets - mélioratifs -, mais tout leur contraire : j’ai trouvé le style d’une lourdeur infinie, complètement décousue, complexe pour pas grand chose, et surtout, extrêmement pompeuse et maniérée. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser au Bourgeois Gentilhomme qui tente par tous les moyens, bons comme mauvais, de se faire penser pour un homme de la noblesse alors qu’il n’est pas grand chose. J’ai vraiment eut cette impression de « J’en fais beaucoup, comme ça, ça fera plus classe et chic ». Un échec total.


D’autant plus que je n’ai pas trouvé les personnages mystérieux et profonds comme l’auteur a certainement voulu le faire : je les ai trouvé creux, ternes, sans aucunes saveurs, pour ne pas insipides. Extrêmement froid, distant… Ils auraient pu se faire torturer de la pire des manières que cela ne m’aurait pas affecté. Et bien entendu, ce qui termine d’achever ce roman aussi prometteur dès les 100 premières pages, et sans aucun doute la dimension cinématographique. On a vraiment l’impression de lire un script de cinéma, ou mieux encore, d’avoir la description de chaque plan d’un début de film fantastique. Et en effet, en faisant plusieurs liens tout colle : si Oregon avait été un film, ce début aurait cartonné et de suite accroché le spectateur. Mais pour un livre ? L’ennuie est au rendez-vous, et surtout, un 4ème mur (oui oui, comme au théâtre) est mis entre le lecteur et sa lecture, n’aboutissant alors qu’à une seule chose - inévitable - : l’abandon pur et simple du roman.


En bref, je suis extrêmement déçue par ce roman qui m’avait vendu du rêve par son résumé et qu’il me tardait de lire. Je ne relirai pas du Pierre Pelot non plus. Dommage.


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