[Critique Littéraire] Les Mille Talents d’Euridice Gusmao de Martha Batalha
- Steven le Tonqueze
- 1 avr. 2017
- 2 min de lecture
Je vous propose le roman brésilien Les Mille Talents d’Euridice Gusmao de Martha Batalha, traduit par Diniz Galhos, publié aux éditions Denoël le 12 janvier 2017. Le roman fait 256 pages.
Voici ce que l’on trouve sur la quatrième de couverture :
L'histoire d'Euridice Gusmao, ça pourrait être la vôtre, ou la mienne. Celle de toutes les femmes à qui on explique qu'elles ne doivent pas trop penser. Et qui choisissent de faire autrement. "Responsable de l'augmentation de 100 % du noyau familial en moins de deux ans, Euridice décida de se désinvestir de l'aspect physique de ses devoirs matrimoniaux. Comme il était impossible de faire entendre raison à Antenor, elle se fit comprendre par les kilos qu'elle accumula. C'est vrai, les kilos parlent, les kilos crient, et exigent - Ne me touche plus jamais. Euridice faisait durer le café du matin jusqu'au petit déjeuner de dix heures, le déjeuner jusqu'au goûter de quatre heures, et le dîner jusqu'au souper de neuf heures. Euridice gagna trois mentons. Constatant qu'elle avait atteint la ligne, cette ligne à partir de laquelle son mari ne s'approcherait plus d'elle, elle adopta à nouveau un rythme alimentaire sain".

Nous suivons la famille Gusmão et des personnages en lien avec cette famille, telle une carte heuristique éclatée où chaque fil rejoint cette famille. Nous nous attardons notamment sur l’héroïne éponyme du livre Euridice, qui s’est mariée, a eu des enfants, mais s’ennuie dans cette vie de femme au foyer qui ne lui convient pas, elle, si curieuse et si avide de découvertes. Elle choisit plusieurs activités : écrire des recettes de cuisine, puis créer des habits, mais à chaque tentative son mari la remet à sa place et met fin à sa passion. Sa dernière passion, l’écriture d’un livre, sera portée à son terme. Elle retrouve goût à la vie, lorsque sa sœur Guida la retrouve après plus de dix ans sans nouvelles. En effet, Guida avait quitté e foyer familial pour suivre son futur mari, qui s’avéra être décevant (comme la plupart des hommes dans le livre). Après l’avoir quittée, elle, enceinte, s’installe avec une prostituée pour s’occuper d’enfants. Après ces retrouvailles, Guida retrouve un homme avec qui elle vit, laissant ainsi Euridice, seule face à ses choix et à sa vie. Elle décide alors d’une nouvelle activité : l’écriture d’un livre sur l’invisibilité. En effet, Euridice ne supporte pas sa vie routinière, elle veut plus et elle dénonce ainsi les conditions des femmes, qui sont invisibles dans leur foyer comme dans la société.
Ici, dans ce roman, la place est aux femmes, qui sont abandonnées, insultées et non prises au sérieuses par les hommes. Malgré leur quotidien, elles restent fortes. On voit ici des femmes qui ne suivent pas les carcans de l’époque : mère célibataire, femme qui choisit librement sa sexualité, prostituée. Les thématiques abordées sont fortes : le mariage, la maternité, la maladie, le sexe, le travail, l’abandon et surtout le courage. L’écriture est soignée, entre humour et drame, l’ensemble est bien dosé. Il en ressort des émotions véritables.
Je vous conseille ce livre si vous avez aimé Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg, dans lequel on retrouve cette entraide et la vie de plusieurs femmes.
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