[Critique Littéraire] Les Chroniques du Magicien Noir : T1 - La mission de l'ambassadeur, Trudi Cavanan
- Steven le Tonqueze
- 7 avr. 2017
- 4 min de lecture
Si je vous dis magie, suspens, coup bas, rébellion et contré lointaine, il nous vient tout de suite à l’esprit un livre d’aventure, plein de rebondissements. Et bien c’est très exactement le cas de ce roman là : premier tome de la saga Les Chroniques du Magicien Noir, suite de la première trilogie du même auteur La trilogie du Magicien Noir, La mission de l’ambassadeur n’a pas été un coup de coeur pour moi, même s’il n’en est pas passé bien loin !
Édité pour la première fois aux USA en 2010, ce n’est qu’en 2011 qu’il trouve sa place sur l’étagère de Bragelonne, avant d’être ré-édité par la filiale Milady Fantasy, au format poche en Mars2017. Si vous voulez voir ce superbe ouvrage de 572 pages sur votre étagère, il vous sera accessible à 8.20€.
Et pour vous mettre un peu l’eau à la bouche, voici la 4ème de couverture :
La Magicienne Noire Sonéa est confrontée à de sérieux ennuis. Tandis qu'elle ne peut rien pour porter secours à son unique fils en danger, elle doit aider son viel ami Céry dont la famille vient d'être assassinée. Depuis trop longtemps, quelqu'un élimine les Voleurs en utilisant la magie. De deux choses l'une : ou un membre de la Guilde joue les justiciers, ou il y a une fois de plus un renégat en liberté dans les rues d'Imardin. Mais ce renégat-là maîtrise ses pouvoirs à la perfection et surtout, il est prêt à s'en servir pour tuer.
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En effet, je n’ai compris qu’après l’avoir reçu que la saga des Chroniques du Magicien Noir faisait suite à la Trilogie du Magicien Noir. Et, comme dans toute suite, l’auteure ne prend pas nécessairement la peine de redonner les définitions et de replacer son intrigue dans son monde. De fait, il peut très vite devenir ardu, voire même impossible, de lire ce genre d’histoire sans avoir lu la saga précédente.
Fort heureusement, ce n’est pas le cas ici ! Même si nous sommes assez perdus dans les premiers chapitres, le temps de comprendre qui est qui, quel rôle il joue, et les implications que cela peut avoir, on arrive très facilement à trouver le fil directeur et à tout remettre à sa place. C’est donc un excellent point : on peut commencer cette saga, la comprendre, et l’apprécier, même sans avoir lu la précédente. D’autant plus que le monde dans lequel évoluent nos personnages est extrêmement riche et complexe : dès le départ, on nous annonce un problème géo-politique majeur entre deux civilisations, avec antécédent de guerre, etc. Un univers donc complexe et complet, qui ne peut que donner envie d’en savoir plus, et de tourner les pages.
Une quête de l’Histoire perdu S’il y a bien une chose qui est dommage avec ce roman, c’est le résumé : la 4ème de couverture ne correspond pas vraiment (voire même pas du tout) au contenu du livre. Certes, la surprise donc est totale, mais un autre résumé aurait été un choix plus judicieux. Car ce que le résumé oublie de préciser, c’est toute la dimension historiographique et archéologique présente dans le roman, et qui prend une part assez importante. On va en effet suivre Lorkin, fils de la magicienne noire Sonea, aider un historien dans ses recherches : combler les lacunes et les incohérences dans l’histoire d’Imardin. L’auteure n’hésite pas à nous montrer l’envers du décors, avec les recherches manuscrites, les sacrifices qu’il faut parfois faire au nom de la connaissance, les hypothèses qui tournent, et tournent encore et toujours dans la tête des chercheurs… C’est une dimension extrêmement agréable du roman, et qui vient rajouter à la fois du suspens et de l’attente auprès du lecteur. Cela, combiné à l’autre intrigue, tout aussi mystérieuse et sujette au suspens, nous avons comme résultat un livre complet, qui ne laisse rien au hasard.
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Une traque longue et haletante
Nous avons d’un côté Lorkin et Dannyl, plongés dans leurs recherches. De l’autre, nous avons Cery, voleur profondément meurtri, qui part à la chasse à la renégate. On suit son périple de bout en bout : de la situation initiale où tout va bien, suivie de l’affront, pour aboutir à une réelle traque, longue et dure, qui s’étale sur plusieurs mois. L’attente est ici à son comble : à travers les yeux de Cery, nous suivons ses investigations, ses pensées, ses doutes, ses colères et ses peurs les plus profondes. Et plus nous avançons dans le roman, et plus cette traque se fait haletante, précise, rapide… Les choses s’accélèrent jusqu’à un rythme très soutenu, jusqu’à la révélation finale (que l’on peut sentir arriver avec un peu de jugeote et d’observation), pour notre plus grand plaisir.
Un roman féministe et progressiste en effet miroir
Mais la chose la plus remarquable à mon sens dans ce roman est sa construction en effet miroir. Je m’explique : on suit simultanément deux intrigues se déroulant dans deux lieux différents, bien qu’étroitement liés. Deux lieux, deux civilisations, deux conceptions des choses… Avec cette alternance de narration entre les deux histoires, c’est un véritable effet de parallélisme qui se met en place, nous montrant à la fois et faiblesse et les forces de chaque nations. Par ce biais, c’est aussi toute une réflexion sur les civilisations qui se disent « policées » et la réalité du terrain qui se met en place, tout comme une réflexion sur la place de la femme et son pouvoir dans les sociétés. Un tableau magnifiquement peint, avec une multiplicité d’action et de situation, pouvant alors poussé les lecteurs à s’interroger par eux-même.
En résumé, c’est un roman qui est certes, un peu long au démarrage, mais qui est excellent : bien rythmé, avec des histoires passionnantes et haletantes, et des messages puissants en fond. Et vu la fin, on ne peut avoir qu’une envie : lire le tome suivant !
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